ELECTRICIEN BÂTIMENT

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LES EXIGENCES D’UN MÉTIER DÉLICAT ET RIGOUREUX

UN MATÉRIAU DE PLUS EN PLUS SOLLICITÉ

Pose de câbles, de fils, de tableaux ou armoires électriques, de prises et installations complexes…, toute la sécurité électrique du bâtiment incombe à l’électricien. C’est un métier noble mais parfois sous-estimé, passionnant et dynamique, qui requiert des qualités professionnelles et une grande concentration. Hilarion Ahouandogbo, électricien bâtiment, depuis une quarantaine d’années, nous immerge dans les flots du métier.

Il est passionné de son métier qui, pour lui, est plus qu’une occupation professionnelle. Hilarion Crépin Ahouandogbo se présente fièrement comme un électricien-bâtiment devenu chef d’entreprise. « Je suis entré dans ce domaine par concours de circonstances. J’étais en Terminale et face aux difficultés du moment, j’ai décidé d’embrasser un métier technique. J’ai choisi l’électricité et je me suis fait former. Cela n’a pas été facile mais aujourd’hui, voyez-vous, ça me fait pratiquement 42 ans d’expérience. C’est dire que le métier est passionnant. Je ne regrette pas du tout. C’est avec honneur que je me présente comme étant un expert en électricité-bâtiment et de surcroît un chef d’entreprise », affirme avec fierté Hilarion Crépin Ahouandogbo.

L’électricien bâtiment est, informe-t-il, un professionnel qui réalise des travaux d’installation et de maintenance électriques pour tous types de bâtiments, qu’il s’agisse de logements, de bureaux, d’infrastructures ou édifices… Il intervient dans aussi dans la rénovation et même dans la désinstallation. « Le rôle de l’électricienbâtiment dans toute construction est capital. Aujourd’hui, pour tout projet de construction, vous êtes tenus de faire un plan d’installation électrique. Dans le monde entier, l’installation électrique est devenue un art. Il ne s’agit pas simplement d’éclairer les bâtiments mais de les rendre éclatants, attrayants et esthétiques grâce à l’installation électrique. L’électricité, c’est comme de l’or qui brille et fait scintiller le bâtiment », relève Hilarion Crépin Ahouandogbo. Il énumère une multiplicité de tâches que l’électricien bâtiment est amené à accomplir : installer les boites de dérivation et raccorder les tableaux électriques, poser les pieuvres ; mettre en place les chemins de câbles et installations électriques dans un bâtiment ; poser les luminaires, prises et interrupteurs…

L’électricien intervient aussi Expert Technique 40 dans le suivi (encadre la mise en service, veille au respect des normes et règles de sécurité) et dans le contrôle (il vérifie la qualité de l’installation). «L’électricien intervient également dans des travaux complexes comme l’installation des ascenseurs, de la climatisation, des caméras de surveillance, des piscines… Aujourd’hui, l’électricien est une compétence transversale qui est sollicitée dans plusieurs types de travaux », ajoute Hilarion Crépin Ahouandogbo.

Les risques du métier

Comme tout métier, l’électricien bâtiment doit faire face à des défis mais aussi à des risques de tous genres. « Les risques sont énormes parce que ce métier n’est pas un métier d’amateur. Il faut aller à l’école du métier, connaître les évolutions technologiques pour mieux s’adapter. Le monde a évolué, les équipements ont évolué et donc les techniques évoluent aussi », soutient le chef d’entreprise Hilarion Crépin Ahouandogbo. Il illustre: « Quand j’ai commencé ce métier, on utilisait des coupe-circuits et quand il y a un problème, on défiche. Aujourd’hui ces éléments sont remplacés par des disjoncteurs modulaires qui sont insérés dans des coffrets protégés, fermés. Quand il y a problème, vous ouvrez pour voir s’il y a disjonction. Et si c’est le cas, vous devez faire recours à un installateur pour vous dépanner ». Hilarion Crépin Ahouandogbo situe les risques professionnels à deux niveaux : les risques pour les usagers du bâtiment et les risques pour l’électricien lui-même. « Le risque quand vous construisez et que vous ne protégez pas le bâtiment contre les chocs électriques, c’est que vous exposez les usagers. Car ces chocs sont souvent cause d’incendie. Imaginez qu’il s’agisse d’un grand bâtiment de banque, ces chocs peuvent créer des dysfonctionnements graves et si vous n’avez pas l’assurance décennale, vous êtes dans de beaux draps », indique l’expert. Pour Hilarion Crépin Ahouandogbo, lorsqu’on démarre un projet de construction, les premières personnes qu’il faut faire intervenir sont l’architecte, l’ingénieur civil et son équipe, et l’électricien car pour une installation électrique parfaite, il faut prendre des dispositions pour protéger le chantier et anticiper sur les réalisations. « Avant que le maçon ne commence ses travaux de sous-bassement, il faut installer ce qu’on appelle le câble de terre. On peut le faire en piquet de terre de 2 mètres ou le faire en ceinturant tout le bâtiment mais attention ! Il faut savoir calculer les dimensions car c’est en fonction du volume du bâtiment qu’on calcule les sections », fait-il savoir. En outre, l’électricien s’expose également à des risques lors des travaux. Il doit donc prendre des dispositions pour sa sécurité au travail. « Il faut être bien équipé. Un bon électricien doit être dans des chaussures de protection, porter ses gangs, porter son casque et avoir des lunettes de protection et des outils adéquats pour faire le travail correctement, si vous ne prenez pas ces dispositions vous vous exposez à de grands risques », conseille Hilarion Crépin Ahouandogbo.

Formations et aptitudes requises

Le métier de l’électricien bâtiment est exigeant. Expert Technique 41 Certains pensent qu’il suffit de savoir combiner quelques fils électriques pour exercer. C’est une erreur ! Devenir électricien bâtiment impose une formation rigoureuse et des aptitudes à cultiver. Il y a, généralement, deux procédés pour se faire former: aller en apprentissage auprès d’un professionnel ou s’inscrire dans un lycée technique. Mais ces deux procédés ont leurs limites selon Hilarion Crépin Ahouandogbo. « Apprendre sur le tas, permet au

jeune d’avoir une bonne expérience du terrain mais ce n’est pas l’idéal. Car l’enfant pourrait tomber sur un patron qui n’a pas un bon niveau. Il fait juste trois ou quatre ans de formation auprès de ce patron qui n’a peut-être pas eu l’occasion de gérer de grandes installations. Ensuite, il est libéré et se positionne sur le terrain en tant qu’électricien bâtiment. Si le jeune ne cherche pas à se mettre à jour, il ne fera que ce que son patron lui a appris et il sera défaillant sur plusieurs types d’installations. Car les installations varient en fonction de la complexité du chantier », fait observer l’expert. Abordant la deuxième option, il poursuit : « Il est bien d’inscrire les enfants dans les lycées, car sur le plan intellectuel ils sont bien formés. Pour ce métier, il faut des valeurs intellectuelles. Un électricien qui ne maitrise pas le français et ne possède pas quelques connaissances scientifiques court le risque de ne pas comprendre les procédés et techniques. Or toute réalisation est faite sur la base d’un schéma, d’un plan que l’électricien doit pouvoir interpréter. Ceux qui sont formés dans les lycées comprennent ce qu’ils font mais, dans la pratique, il leur manque quelque chose ». Pour trancher sur la question de la formation, Hilarion Crépin Ahouandogbo semble davantage opter pour une formation mixte. « Il est important

que nos gouvernants intègrent la formation pratique dans le programme des lycées. Après l’enseignement reçu dans les lycées, il faudrait insérer les apprenants dans des entreprises professionnelles pour des stages pratiques d’une certaine durée, afin de leur permettre de mieux confronter les enseignements reçus aux réalités du terrain ». Mais au-delà de la formation, le postulant au métier d’électricien bâtiment doit posséder ou cultiver des qualités indispensables. « L’électricien doit cultiver la maitrise de soi et le sens de la concentration. C’est un travail tellement technique qu’il faut y aller avec concentration. Vous avez parfois près de mille câbles à brancher dans une armoire électrique. Il faut être conscient du danger permanent que vous courez vous-mêmes ou que vous faites courir aux autres», indique l’expert Hilarion Crépin Ahouandogbo. A l’en croire, l’âge est un facteur déterminant. « Quand vous dépassez les trente ans avant d’aller en apprentissage, ce n’est pas évident d’avoir tous les réflexes », prévient-il.

Un métier qui nourrit son homme

Que votre enfant vous dise qu’il souhaite devenir électricien-bâtiment, ce n’est pas ce que la plupart des parents, en l’occurrence intellectuels, souhaiteraient entendre. Et pourtant, ce n’est ni un sous-métier, ni un travail pour peu de gains. « Je suis au-delà de mes 60 ans de vie et pourtant, je suis toujours dans ce secteur. Je suis un patron d’entreprise et j’ai toujours du plaisir à dire que je suis électricien. C’est un métier noble », soutient Hilarion Ahouandogbo. Mais il invite les jeunes à être plus ambitieux pour bâtir une belle carrière dans ce métier. « Le métier est encore plus intéressant quand vous êtes un ingénieur électrique, un expert. C’est un travail qui enrichit très vite car votre expertise est sollicitée sur plusieurs chantiers. Il faut donc chercher à exceller dans le domaine pour se faire un nom ». Pour Hilarion Ahouandogbo, toute ambition doit reposer sur la compétence et le travail bien fait. Il exhorte à une conscience professionnelle: « Quand vous êtes électricien bâtiment, il faut bien faire son travail. Car toute erreur expose les usagers du bâtiment à de gros risques. Un bon technicien doit être un bon conseiller pour son client. La recherche du profit ne doit pas entacher la qualité du service. Il ne faut pas chercher à fixer les tarifs en fonction de la tête du client mais en fonction du travail demandé, de l’expertise requise et des besoins identifiés. Un travail bien fait, avec une finition exemplaire, est la meilleure publicité que l’on puisse faire à un électricien bâtiment », conseille Hilarion Crépin Ahouandogbo. Il reste marqué par sa première installation électrique réalisée pour l’Etat (au Palais des gouverneurs, siège de l’Assemblée nationale à Porto Novo), dont la réussite a émerveillé les autorités béninoises et françaises ; alors qu’il n’avait que 22 ans à l’époque.

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