LA PRUNELLE DE LA CHAÎNE DE L’ATACORA
La Cité des Tata, c’est ainsi qu’on l’appelle. Située au nord-ouest du Bénin, dans le département de l’Atacora, Boukombé est une destination exceptionnelle. Avec ses étendues de forêts et savanes, sa série de montagnes et tatas, la cité offre un paysage aussi captivant que sa diversité culturelle.
Les attraits de la cité économique s’inclinent devant les merveilles de la cité de Nanto où Dame Nature a fait son lit. Natitingou est une destination captivante. Il faut s’y rendre pour comprendre.
50 km de la commune de Natitingou, et Dame Nature continue d’étaler sa chaîne de montagnes dont les courbes laissent admirer d’immenses périmètres de savanes arborées. Bienvenue à Boukombé, la cité des Tata.
La route qui y mène est tout aussi épatante. C’est une belle voie, bien recouverte, sinueuse, mais bien dessinée. « Pour moi, la route qui quitte Natitingou pour Boukombé est la meilleure chaussée au Bénin. Je n’exagère pas ! Vous avez du plaisir à faire ce trajet, rien qu’en admirant les courbes et dépressions de la voie », affirme Bernadette M’Po, femme leader et défenseure des droits des femmes. La native de Boukombé poursuit : « C’est avec beaucoup d’entrain que je brûle 50 kilomètres à moto. Et chaque fois que j’emprunte cette route, je reste en admiration, surtout à la hauteur des dépressions. Dès que j’aborde les dépressions, j’éteins le moteur de mon engin et c’est parti pour des kilomètres de navigation. Les dépressions sont si inclinées que même éteinte, la moto roule à plus de 80 km/h. Il y a soudain un mélange d’extase et de palpitations qui vous envahit». Faites-en l’expérience ; et vous conviendrez avec Bernadette M’Po de la beauté de l’axe Natitingou- Boukombé. C’est effectivement au bout d’une série de dépressions impressionnantes, fortement inclinées, que la Cité des Tata se laisse découvrir.
Implantée aux abords de la voie qui mène à la cité, comme en faction hospitalière, la Maison des Tata, construite sous la forme d’un Tata modernisé, éveille la curiosité du passant et lui impose un arrêt. « Au cœur de cette belle bâtisse que vous admirez, juste à quelques minutes de la ville, vous avez toutes les informations liées à la cité: son histoire, les us et coutumes, les traditions, les données démographiques et surtout, vous en saurez davantage sur les Tata, les matériaux de construction, les différents types de Tata… Nous vous donnons en fait, un avant-goût de ce que vous verrez surplace », expose aisément une hôtesse d’accueil de la Maison des Tata. Après cet arrêt informatif et instructif, c’est désormais en sachant et en homme averti que vous entrez au cœur de la ville de Boukombé où la simplicité et la sympathie des populations, l’animation du marché, le paysage…, suffisent pour comprendre que l’on a encore beaucoup à savoir de la Cité des Tata. Nous y sommes, découvrons la cité !
FOCUS
Etendue sur une superficie de 1 036 km², Boukombé est l’une des neuf collectivités locales du département de l’Atacora. Avec le bitumage de l’axe Natitingou- Boukombé-Korontière, la Cité des Tata, autrefois difficile d’accès, est aujourd’hui désenclavée et draine chaque année une foule de touristes. Boukombé compte 71 villages et quartiers de ville répartis en sept arrondissements notamment Boukoumbé centre, Dipoli, Korontière, Koussoucoingou, Manta, Natta et Tabota. Elle est limitée au nord par la commune de Tanguiéta, à l’est par la commune de Natitingou, au nord-ouest par la commune de Cobly et au sud par la frontière togolaise. L’actuel maire de Boukombé est Aldo N’Da Kouagou, installé à l’issue des élections municipales de 2020. Selon les chiffres du quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-4) de 2013, la commune comptait 82 450 habitants. Une population qui s’est accrue actuellement, bien au- delà des 100.000 habitants. Les religions endogènes sont les plus pratiquées par les populations de la Cité des Tata (+ de 90 % de la population) ; quand bien même l’on y retrouve aussi des chrétiens catholiques, des musulmans et des protestants…
Traversée par la chaîne des montagnes de l’Atacora, la commune de Boukombé abrite le point culminant (835 m). En quittant Cotonou, la capitale économique du Bénin, Boukombé est située à 650 kilomètres environ. Pour s’y rendre, il est préférable de prendre le bus de Cotonou pour Natitingou (600 km), avant de faire la route Natitingou – Boukombé (50 km). La période de septembre à avril est la meilleure pour faire le voyage dans la cité des Tata, la météo est plus clémente et le paysage est magnifique.
UN MELTING-POT CULTUREL
Avec sa diversité culturelle qu’elle puise du brassage entre plusieurs ethnies, la commune de Boukombé est un melting-pot. Dans le rang des habitants de Boukombé, figurent, en tête de liste, les Bètammaribè (pluriel de Otammari) et dont le dialecte est appelé « le ditammari ». Les Bètammaribè cohabitent avec les Lamba, les Gangamba, les Béberbè ou Yindé, les Djerma, les Peuls, les Bariba, les Dendi, les Yoruba, les Cotocoli, les Fon et les Adja…
En dépit de la modernité qui édulcore les pratiques culturelles, les us et coutumes à Boukombé demeurent sacrés. Rites et célébrations ponctuent certains événements tels que les naissances, la circoncision, les mariages, les récoltes, les décès… Dans la litanie des cérémonies, les rites funéraires et initiatiques ont une place de choix, en l’occurrence le Dikuntri pour les filles et le Difôni pour les garçons. Ces rites ont lieu selon une certaine périodicité et consacrent le passage d’une étape de la vie à une autre. Le peuple Otammari reste tout aussi attaché à son organisation sociale ancestrale, basée sur le respect de la hiérarchie notamment entre aînés et cadets.
Les activités culturelles, aussi variées qu’elles soient, mettent en exergue les habitudes des Bètammaribè. Entre autres événements marquants de cette région si exceptionnelle, le Festival des Arts et Culture Tammari (Fectam) qui a eu lieu tous les deux ans, au mois d’avril, et qui vise la promotion des valeurs culturelles des peuples Otammari du Bénin et du Togo ; le Festival Fonio-Dipoonon, un événement itinérant qui a eu lieu en décembre, qui célèbre les valeurs endogènes des peuples de la chaîne de l’Atacora et qui promeut la céréale fonio en voie de disparition ainsi que les contes ; le festival Tata qui a lieu à Boukombé au mois de novembre et qui valorise les Tata et la culture de leurs habitants ; le Festival Koutchaati qui se déroule à Koussoucoingou et à Natitingou et qui annonce en pompe les travaux champêtres en milieu Tammari de juin à août ; … et bien d’autres manifestations dont le festival Tiboyaaka et le Festival Tipenti.
UNE ARCHITECTURE UNIQUE
L’habitation principale des populations vivant à Boukombé concentre, à elle seule, l’attention des touristes. Le Tata, ainsi qu’on l’appelle, est l’objet de toutes les curiosités. Remarquable par son architecture, le Tata est une bâtisse construite en banco (matériaux de construction fait de terre argileuse et de paille hachée) avec une terrasse. Il est constitué de plusieurs tours aux toits de paille, qui font office de greniers ou de chambres. Les tours sont reliées entre elles par un mur d’environ un mètre de hauteur, qui cerne la terrasse comme un garde-fou. Ces bâtisses construites en un bloc, comprennent toutes les pièces essentielles à la survie du Somba notamment les chambres, la cuisine, les greniers, les étables, le poulailler…
Le Tata, c’est l’habitat des peuples sombas qui se retrouvent dans la région nord-ouest du Bénin mais également au Togo. L’on raconte que ces peuples ont fui le Burkina-Faso pour s’établir dans la région ; et Boukombé désignerait le grand arbre sous lequel étaient restés les colonisateurs lors de l’invasion. Quant au Tata, il fait référence à un abri fortifié qui protège ses habitants. Le Tata est une sorte de forteresse à étage. On dénombre essentiellement trois types de Tata que sont le Tata Ossori, le Tata Okpanri et le Tata Otchaou. Cet habitat diversifié et dont l’architecture est si particulière, illustre bien le savoir-faire du peuple Otammari. Depuis 2023, le Tata (Koutammakou) est d’ailleurs classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
UNE VILLE BIEN LOTIE
De l’agriculture au tourisme, en passant par l’élevage, la chasse, l’artisanat et le commerce, Boukombé a d’énormes potentialités en termes d’activités génératrices de revenus. Hélas, le secteur secondaire est quasiment inexistant.
Avec les immenses périmètres florilèges faits de forêts claires et de savanes arborés, la chasse peut se révéler passionnante à Boukombé. Les chasseurs expérimentés savent comment faire bombance. L’élevage n’est pas moins intéressant. Il se concentre notamment sur les bovins, les caprins et les porcs. L’agriculture est assurément l’activité qui concentre la majorité des habitants de la Cité des Tata. Les populations de Boukombé cultivent principalement les céréales (le fonio, le Sorgho, le mil, le riz, le maïs ; les racines et tubercules (l’igname, la patate douce, le taro, le manioc) ; les légumineuses (le niébé, le voandzou, l’arachide et le sésame). C’est sans occulter quelles cultures de rente dont le coton et le tabac. Avec toutes ces cultures vivrières, la commune de Boukombé est considérée comme un pôle agricole non négligeable dans le septentrion.
Pas étonnant que les populations de Boukombé soient aussi bons commerçants. Comment ne pas l’être lorsque l’on a des centres commerciaux bien animés. La commune dispose de quatre marchés opérationnels qui sont situés à Manta, Korontière, Boukombé et Kouporgou. Des marchands sympathiques, des étalages épars mais bien organisés, des vendeurs ambulants, des motards ici et des cavaliers-là…, le marché de Boukombé est le plus animé de la commune.
Ville aux atouts naturels, l’artisanat et le tourisme constituent également une mine d’opportunités pour la commune de Boukombé qui draine chaque année de nombreux touristes obnubilés par la Route des Tata. Comportant les principaux parcours de découverte du patrimoine et de la culture des peuples Somba, la Route des Tata est une destination touristique particulière. Elle relie les communes de Natitingou et de Boukombé, en passant par le village de Koussoucoingou qui abrite un admirable belvédère avec une vue panoramique sur la montagne. Dans l’Atacora, Boukombé est une destination touristique prisée
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