UN CADEAU RAFRAICHISSANT DE LA NATURE
Aire protégée du Bénin, les chutes de Kota sont l’une des principales attractions touristiques du pays, voire de la sous-région. Elles sont situées à l’est de la chaîne montagneuse de l’Atacora, dans l’arrondissement de Kotopounga, commune de Natitingou. Cette série de cascades au milieu d’un environnement écologique offre une piscine naturelle rafraichissante et un abri pour s’évader.
Intarissables, les chutes de Kota sont indifférentes aux saisons. Changement climatique ou pas, saison pluvieuse ou saison sèche, elles coulent à profusion ! Pas étonnant que la flore soit si verdoyante sur ce site. Les chutes de Kota sont, en effet, à moins de 20 kilomètres du centre-ville de Natitingou. Il faut prendre l’embranchement de Kouandé, entre Tienti et Berecingou, pour y aller. C’est une piste rurale, sinueuse et cabossée sur près de 5 kilomètres, qui conduit aux chutes de Kota. La route n’est pas aisée mais le détour vaut le sacrifice. Les vraies découvertes ne sont-elles pas souvent au bout d’un périple ! Sur les lieux, avec ou sans guide, il y a toujours quelqu’un pour vous orienter sur l’un des deux itinéraires. Mais la descente par les sentiers et escaliers naturels
jonchés de pierres et de verdure, laisse un goût d’aventurier. Elle exige souplesse, attention et équilibre. De la vue panoramique et lointaine à la descente au pied des chutes, l’itinéraire est mémorable : relief accidenté et excitant, paysage sauvage et impressionnant ; une descente ponctuée par le chant de plus en plus perceptible des oiseaux et le tumulte des chutes. A destination, au plus bas niveau, les eaux qui dévalent forment un étang ruisselant, une piscine rafraichissante sans cesse renouvelée par les cascades intarissables. A l’alentour, un jardin botanique fait de plantes et d’arbres de toutes variétés.
UN SITE PRÉCIEUX
Né à Kota, Karbou Tinguinin est un fils de la région. Le sexagénaire y a passé toute sa vie. Cultivateur dans sa jeunesse, Karbou est aujourd’hui père de 10 enfants et s’est converti en hôte d’accueil sur le site des chutes de Kota. « Quand vous venez ici, vous n’avez plus envie de repartir. Vous pouvez rester, dormir dans les logements alentours et vous promener à longueur de journée. Il y a ici tout ce qu’il faut pour
vous distraire. Les gens ne se lassent pas de visiter ce site. C’est un lieu très fréquenté. Et nous sommes heureux d’être les bénéficiaires de ce magnifique don de la nature », indique l’autochtone qui fait du marketing touristique. Décrivant la singularité de ce site, Karbout poursuit : « Voyez d’abord la végétation autour des montagnes.
C’est exceptionnel ! Ensuite, attardez-vous sur l’eau qui descend en cascades avec une force redoutable. On dirait que c’est une machine infatigable qui produit et propulse l’eau. Le courant est tellement fort. Mais c’est normal, car cette eau quitte plusieurs endroits». Mathias, conducteur de taxi-moto, confirme : « J’ai visité pour la première fois les chutes de Kota, quand j’étais en classe de troisième. Nous avions quitté Toukountouna et nous étions avec notre professeur d’Histoire et Géographie. J’ai encore le souvenir de ces moments uniques et j’ai l’impression que rien n’a changé aujourd’hui », affirme-t-il, nostalgique. Il en profite pour faire un plaidoyer implicite : « C’est la preuve que quand l’homme respecte la nature et ne la dérange pas, la nature le lui rend au centuple. Elle ne vieillit pas, au contraire, elle impressionne de jour en jour ».
Les habitants de Kota sont travailleurs. Ils exercent plusieurs activités économiques parmi lesquelles l’agriculture, l’artisanat, la métallurgie, l’orpaillage, le concassage et le polissage de la pierre. « En écrasant les pierres, nous trouvons souvent de l’or ici que nous vendons aux marchands. Je puis vous assurer qu’ici, nous sommes sous de l’or. Mais nous n’avons pas de machines modernes pour exploiter. Peut-être estce mieux ainsi, cela nous épargne les convoitises… », confie Karbou.
Un saut dans l’inconnu
« Eau claire et transparente, belle eau qui rend content, qui fait croître la plante et prospérer l’enfant…, d’où viens-tu, dis-le-moi ? ».
Certaines études situent les sources des chutes de Kota dans un cours d’eau qui fait partie du bassin versant de la Kéran (affluent du bassin de l’Oti situé dans le Nord Togo). Les études précisent que les chutes sont également alimentées par des nappes souterraines, ce qui explique le fait que l’eau ne tarit pas. Mais pour les autochtones, c’est un mystère de la nature. « Vous ne pouvez pas dire avec précision d’où vient toute cette quantité d’eau qui sont déversées ici à Kota. Cela ne peut venir d’un cours d’eau. C’est la rencontre de plusieurs cours d’eaux visibles et invisibles.
C’est pourquoi l’eau ne tarit jamais », soutient Karbou, l’autochtone, qui défend la particularité de son milieu de vie. Outre les sources des chutes de Koto, l’origine du nom de la localité donne droit à une multitude de versions. A en croire Karbou Tinguinin, Kota est un terme mal traduit mais qui aurait été prononcé par le premier occupant de la localité lors de sa brouille avec l’homme blanc. Le terme signifierait en waama, « Tue-moi ». Mais Mathias fait observer que, selon la prononciation et la langue, Kota peut revêtir plusieurs sens. « En ditamari, il semble que Kota veut dire : Tuemoi. Mais en waama, selon la prononciation, Kota peut signifier : Je vais rentrer », relève-t-il. Guide touristique à Natitingou, Dramane, évite les longs débats et se limite au nom des chutes : « Il faut simplement retenir que les chutes ont le nom du village où elles sont situées. Ce sont les chutes du village Kota. Terminé », tranche-t-il. Il y a une pléthore d’histoires et de sens autour des merveilleuses chutes de Kota. Qui pourra nous délivrer de cet imbroglio ? En attendant il vaut mieux profiter de la nature qui s’offre si généreusement sans se poser trop de questions qui, au final, sont peu utiles pour la détente recherchée.
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