NATITINGOU, UNE DESTINATION ENVOÛTANTE
A près de 540 kilomètres, loin de Cotonou et de ses monuments captivants, se trouve une attraction irrésistible, une ville fascinante : la cité de Nanto. Elle siège au milieu des montagnes, parsemées par une flore admirable, entre cascades et chutes impressionnantes. Nati la belle, comme on l’appelle, est une destination charmante.
Les attraits de la cité économique s’inclinent devant les merveilles de la cité de Nanto où Dame Nature a fait son lit. Natitingou est une destination captivante. Il faut s’y rendre pour comprendre.
Cotonou – Natitingou, c’est près de 540 kilomètres, pratiquement dix heures de route. Un précieux temps pour payer ses dettes à Morphée, à condition que l’on sache conjuguer voyage et sommeil. Cependant, attention à ne pas rater l’entrée dans la ville. Ce moment exceptionnel où l’on sent que l’on s’engouffre progressivement au creux d’une chaîne interminable de montagnes qui entourent de toutes parts. La vue est magnifique. La fatigue du trajet s’estompe devant les courbes de la chaîne de l’Atacora. Bienvenue à Natitingou !
A l’entrée, comme en symbole d’accueil, c’est un personnage historique de la résistance qui dresse le tapis. Kaba (figure héroïque de la localité), perché sur une stèle, semble donner le signal d’une aventure qui s’annonce aussi impressionnante que fut sa résistance. Premier carrefour remarquable de Natitingou, la stèle de Kaba, qui a hérité avec le temps d’un lot d’arbres à branchages géants, est visiblement un repère géographique stratégique, un lieu d’aisance pour les passants en quête d’ombrage et de pain, un reposoir pour les désœuvrés. Mais en réalité, elle est un monument emblématique qui fait partie du patrimoine culturel de la Cité de Nanto.
Son architecture est inspirée des tata somba (enceinte fortifiée propre à certains peuples noirs et servant d’habitation pour le chef, sa famille et son bétail). Edifice circulaire, la stèle de Kaba est composée de quatre rotondes principales reliées l’une à l’autre et surmontées par des colonnes ascendantes qui se rejoignent au pied de la statue de l’intrépide Kaba.
Ce monument dont la première pierre a été posée en 2005 est encore appelé le musée Kaba ou le musée de la résistance car, dans les pièces du monument, sont conservés, classés et exposés, des objets précieux liés à l’histoire du héros et à sa résistance à la puissance coloniale entre 1914 et 1917 où sa troupe fut massacrée. Mais ne vous y attardez pas trop longtemps. A l’ombre de la stèle de Kaba, vous risquez de ne pas voir le temps passer, alors qu’il y a tant à voir encore !
UNE VILLE EN HARMONIE AVEC LA NATURE
Un peu plus d’une dizaine de kilomètres séparent la stèle de Kaba du centre-ville de Natitingou. Une distance à parcourir, de préférence à pied ou à moto pour mieux se délecter de la parfaite symbiose entre la nature et la ville. Au fur et à mesure que l’on se rapproche du centre-ville, les montagnes révèlent davantage leurs versants et paraissent plus imposantes, plus proches, accessibles, juste à quelques pas. Si vous êtes en jambes, ne craignez pas de les gravir ! Vous n’en apprécierez que mieux l’offre naturelle. Parées de verdure, les montagnes laissent découvrir toute leur beauté. La flore qui recouvre cet amas de pierres, des pieds à la cime, est comme un vêtement. Une élégante tunique verte pour une imposante chaîne de montagnes.
Et dire que des riverains se délectent au quotidien de cette merveille au point d’en mésestimer le privilège. A Natitingou, les montagnes font bon voisinage avec les habitations. L’on retrouve d’ailleurs plusieurs maisons et édifices au pied des montagnes, voire sur les montagnes. « C’est notre habitat, nous la voyons au quotidien. Les montagnes n’ont plus aucun secret pour nous. Je les gravis tous les jours et il n’y a plus rien qui m’impressionne.
Vous savez, l’homme qui vit dans la plus belle maison au monde, avec le temps, n’est plus impressionné par son habitation. Elle devient ordinaire pour lui mais continue à séduire les étrangers. C’est pareil pour nous qui vivons au pied des montagnes », confie Dramane, guide touristique. En gravissant la chaîne de l’Atacora, ne vous laissez pas surprendre pas la nuit ! Le centre-ville n’est pas en altitude.
ANIMÉ COMME UN FESTIVAL
Une circulation plus abondante, des places publiques bondées, des passants échangeant avec enthousiasme, des citadins sympathiques prêts à vous servir de guide, de façon désintéressée… Le centre-ville de Natitingou est animé. Vous y arrivez et vous vous intégrez comme si vous étiez chez vous.
Situé au cœur du centre-ville, la mairie de Natitingou est comme une place publique. C’est un lieu de rencontre idéal. A droite du bâtiment administratif central, des banquettes et des espaces de détente et d’animation culturelle. Souvent animé, l’espace culturel Jazz Tata La croisée est un maquis qui rassemble du monde autour de la musique. A gauche du bloc administratif, un grand espace soigneusement aménagé retient l’attention : c’est la Place de l’indépendance et son jardin. C’est à cet endroit que se fait, le 1er août de chaque année, à l’occasion de la fête nationale, le dépôt de gerbes. Une stèle positionnée au niveau de l’édifice principal mentionne d’ailleurs : « Ici repose l’âme de Kaba et ses compagnons ». Dans la périphérie de l’hôtel de ville, se trouvent trois endroits très fréquentés à savoir le marché où l’on trouve divers produits locaux et qui s’étend sur un espace bien délimité ;
la cathédrale de Natitingou et son architecture remarquable ; le stade municipal qui grouille de monde lors des grands événements. Que ce soit pour se détendre, pour assouvir leur passion pour le football, pour se retrouver entre amis ou pour se positionner en opportunistes à la recherche de nouvelles rencontres, les jeunes de Natitingou sont très emballés par les rendez-vous au stade municipal qui est aussi le lieu de prédilection pour les concerts grand public. Les attractions au centre-ville sont bien nombreuses. Il n’y a pas de quoi s’ennuyer. Et si la nuit vous y surprend et que vous avez envie de vous distraire, ce n’est certainement à Station continue ou Grain de sel que vous retrouverez l’ambiance tant recherchée. Reposez-vous et pensez à visiter quelques endroits spéciaux le lendemain.
ATTRAITS TOURISTIQUES
Ne quittez pas Natitingou, sans avoir visité les chutes de Kota, les musées et l’hôtel Totora. Grâce à ses attraits touristiques et sa position géographique, Natitingou connait une activité touristique en pleine expansion, avec la présence de plusieurs agences de voyage et de tourisme, de guides touristiques formés. La ville est située non loin du parc de la Pendjari qui est la plus grande réserve de biosphère de l’Afrique de l’Ouest. Situées à l’entrée de la ville, bien en retrait de la voie principale, sur une piste sinueuse à la hauteur de l’embranchement de Kouandé, les chutes de Kota offrent un spectacle exceptionnel. C’est une puissante série de cascades dont le bruit assourdissant laisse entrevoir la masse des eaux qui descendent des hauteurs à une vitesse frénétique. Difficile de quitter cet endroit fascinant où une quantité inestimable d’eau se déverse infiniment.
Au pied de la chute, l’on s’accommode très vite du tumulte des eaux, pour se laisser bercer par un courant d’air frais. Mais le temps passe et les autres sites touristiques se trouvent bien loin. Natitingou a deux musées populaires : le musée de la résistance de Kaba qui est une extension du musée régional de Natitingou. Ces musées sont sous la tutelle du ministère en charge de la culture. « Un musée représente la vitrine de la culture d’un peuple. Ces deux musées sont donc représentatifs de la culture et de la tradition des peuples de l’Atacora.
Ce que vous verrez ici, vous ne le verrez peut-être pas au musée d’Abomey », indique Paterne Bakpe, adjoint au conservateur du musée régional de Natitingou. Situé sur l’axe principal de la route inter-Etats Djougou-Natitingou-Porga, précisément au niveau de la stèle de Kaba sise à l’entrée de Natitingou, le musée Kaba est un musée d’art et d’histoire érigé en hommage à la résistance de Kaba (1914-1917). L’on y retrouve les armes traditionnelles et divers objets liés à la vie du héros et aux trois batailles qu’il a livrées contre la puissance coloniale. Situé derrière la mairie de Natitingou, le musée régional est sur une vieille bâtisse de type colonial. Ce bâtiment servait de résidence à l’administration coloniale et avait servi de siège à la préfecture jusqu’en 1960. « La construction du bâtiment a démarré en 1900 et s’est achevée en 1915 où l’édifice a été inauguré.
Ce sont les paysans du milieu qui ont contraint à construire ce bâtiment de type colonial. Devenu musée régional en 1991, ce musé conserve plus de 360 pièces parmi lesquelles des objets rattachés à la résistance de Kaba, des objets archéologiques qui datent de mille à six mille ans avant Jésus-Christ ; des objets appartenant aux colons ; des représentations de traits et de rites identitaires ; des objets d’art…
L’on y voit par exemple, des objets liés aux rites funéraires ; l’accoutrement du chef Taneka ; les flutent sifflées pendant l’initiation Difouani (initiation masculine en pays otamari) ; la flûte sifflée au cours du Koutchati (événement festif marquant l’avènement de la saison des pluies et donc des travaux champêtres) ; les différentes étapes de la circoncision chez les waaba et l’étui pénien qui est porté après la circoncision… «Chez les waaba, la circoncision se fait à l’âge adulte. C’est un rite initiatique de grande importance mais c’est aussi une épreuve. Le candidat à ce rite doit rester insensible à la douleur lors de la circoncision. S’il montre des signes de douleur, il est perçu par toute la cité comme un peureux », fait savoir Robert Kouagou, guide au sein du musée régional. A Natitingou, il y a tant de choses à découvrir, mais si le temps le permet, visitez l’hôtel Totora, perché sur les montagnes et qui se laisse voir à des kilomètres.
C’est à Sountchirantikou, un quartier qui s’étend sur les montagnes. Avec sa piscine semi olympique en pleine altitude, une salle de gymnastique, des salles de conférence…, l’hôtel Totora est l’endroit idéal pour avoir toute la ville sous vos yeux. « Chez les Bariba quand vous saluez, on vous dit Totora (Lève-toi, tu es béni…). Mais pour nous, c’est une manière de dire merci… Totora est devenu un hôtel à partir de 2016 mais les habitations étaient là depuis une vingtaine d’années. Au départ, il n’y avait qu’un seul complexe appartenant à Ousmane Batoko. Peu à peu, avec l’accord des riverains, il a acheté les habitations voisines et les a transformées en complexes hôteliers», indique le gérant.
« Natitingou compte encore d’autres sites intéressants comme les tata somba de Perma, Kouandata, Kouaba et Pèporiyakou ; le site aurifère de Perma… Pour découvrir tous les attraits de cette ville, il faut un long séjour et je puis vous dire que vous n’aurez pas fini au terme du séjour », assure Dramane, guide touristique et cultivateur. L’agriculture est aussi une activité courante dans cette ville montagneuse. Natitingou n’est pas que montagnes ! En outre, les montagnes ne sont pas seulement une attraction. Elles offrent également de vastes espaces arables. Il n’est pas rare de découvrir des champs de maïs en hauteur.
NOTICE
Située au Nord-Ouest du Bénin Natitingou est l’une des neuf communes du département de l’Atacora. Chef-lieu du département, Natitingou est composée de neuf arrondissements dont trois urbains (Natitingou 1, Natitingou 2 et Natitingou 3) et six arrondissements ruraux (Perma, Kouandata, Tchoumi-Tchoumi, Kotopounga, Pèporiyakou et Kouaba). Cette commune montagneuse compte au total 65 villages et quartiers de ville sur une superficie de 3045 km2. La ville tient son nom de celui qui serait le premier habitant de la zone, un chasseur qui s’appelait Nanto (l’écraseur de céréales). Premiers occupants, les Bètammaribè partagent la cité de Nanto avec plusieurs ethnies notamment les Waaba, les Dendi, les Peul et mêmes des ethnies du Sud Bénin en l’occurrence les fon, les yoruba… Mais les langues dominantes sont le waama, le ditammari, le bariba et le dendi.
Entre zones montagneuses, plateaux et pénéplaines, les habitants de Natitingou pratiquent diverses activités économiques notamment l’agriculture, la chasse, le commerce, l’artisanat, l’élevage… C’est une cité touristique qui reste attachée à ses valeurs culturelles et à certaines traditions. Elle a également un immense patrimoine culturel immatériel notamment les danses et rythmes. Parmi les plus populaires : le tipenti, le koutchati, le pétampé, le dikountri… Plusieurs icônes de l’histoire politique du Bénin viennent de cette ville. Entre autres, le Général Mathieu Kérékou et le Commandant Maurice Kouandété, deux anciens présidents du Bénin dont les mausolées sont soigneusement gardés à Natitingou.
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