Quel impact sur la chaîne de valeur du bâtiment
La contrefaçon est une atteinte illégitime au droit de propriété intellectuelle. Elle résulte de la reproduction ou de l’imitation d’un produit sans en avoir le droit. La contrefaçon donne souvent lieu à la reproduction d’éléments caractéristiques qui fondent l’identité du produit. Une étude de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) indique qu’au moins 5 à 7 % des produits commercialisés dans le monde sont contrefaits. Et faute de mesures adéquates, ce chiffre ne fera qu’augmenter dans les prochaines années. Quasi tous les secteurs sont submergés de produits contrefaits. En matière de contrefaçon, le bâtiment est devenu une cible pour le crime organisé : des trafics illicites de matériaux et d’équipements non conformes dangereux se développent de plus en plus dans le monde en général et en particulier au Bénin.
Si un matériau à bas prix semble attrayant, les vices l’affectant peuvent être lourds de conséquences.
I. Importance de la contrefaçon dans les BTP
Dans le secteur du bâtiment, la présence sur le marché d’équipements contrefaits représente en volume plus de 1000 milliards de francs CFA. C’est toute la chaîne de valeur du bâtiment qui est impactée. En termes de sécurité, de risque pénal et civil, d’image, de conformité des produits ou de durée de vie des ouvrages. Tous les acteurs de la filière, à commencer par les entreprises du BTP, sont concernés. Mais aussi leurs salariés, leurs clients et leurs fournisseurs. Avec des conséquences d’ordres multiples: économiques, sécuritaires, sociales, etc. Ces équipements constituent un risque pour la sécurité des utilisateurs. L’envergure internationale de la contrefaçon La mondialisation de l’économie et le développement du commerce international ont facilité l’émergence de réseaux organisés de contrefaçon qui opèrent par-delà les frontières. Les contrefacteurs exploitent les vides juridiques et les failles administratives partout où ils existent. Ces réseaux utilisent des moyens de transmission rapides, des modes de transports et une logistique modernes. Ils sont le côté obscur de la mondialisation. Les matériaux contrefaisants commercialisés au Bénin sont le plus souvent fabriqués en Chine. La République populaire de Chine est l’un des premiers exportateurs de matériaux contrefaits dans le monde. Pour tromper la vigilance des quelques consommateurs avertis, il n’est pas rare que ces équipements qui inondent notre pays transitent d’abord par des pays européens tels l’Italie, la France ou l’Allemagne ou même porte la mention made in
Italy/France /German. Il s’agit en fait de dissimuler l’origine du produit en le faisant passer par plusieurs territoires différents avant de l’envoyer vers sa destination finale. Le but ici est d’accroître son niveau d’acceptation en faussant le jugement des béninois. Les contrefacteurs tentent de masquer au mieux l’origine des matériaux afin de ne pas éveiller les soupçons. Le Bénin est une véritable victime de la contrefaçon. Il y a plus de faux que de vrais sur les marchés béninois. Le consommateur béninois est directement victime des contrefaçons d’équipements immobiliers. L’organisation élaborée de la distribution de détail Aujourd’hui, les contrefacteurs disposent généralement de réseaux de distribution structurés et organisés sur le modèle commercial, qui sont en mesure d’écouler rapidement des quantités industrielles de matériaux contrefaisants. Il convient donc de souligner l’importance de la force de vente des contrefacteurs. Le système de redistribution de ces contrefaçons est élargi comprenant autant de revendeurs de rue que certains magasins et grandes surfaces. Les sites de ventes physiques, comme les marchés, représentent les filières traditionnelles d’écoulement de la contrefaçon, certains étant même devenus de véritables lieux touristiques spécialisés dans le faux…
Ainsi, on retrouve dans Cotonou (Bénin) le fameux marché de Dantokpa où se vendent presque exclusivement des copies. En marge de ces marchés à ciel ouvert, les équipements contrefaisants se vendent de plus en plus dans des commerces: des magasins de proximités, des magasins de discompte, et même parfois des grandes surfaces. Il existe aussi des réseaux de vente à domicile qui écoulent de la contrefaçon, ainsi que des entreprises qui en proposent à leur clientèle dans le seul but de faire plus de profit. Les contrefacteurs ont également recours à de véritables techniques de vente commerciale. C’est ainsi que ces équipements contrefaisants sont fréquemment offerts à la vente par le biais de publicités ou de catalogues. A ce sujet, il faut noter que les contrefacteurs écoulent parfois leurs produits par le biais des réseaux classiques de distribution : port, aéroport, routes. Les contrefacteurs usent également d’autres stratagèmes tels que le mélange de matériaux authentiques et de matériaux contrefaisants, principalement pour les matériaux vendus dans les hypermarchés ou dans les magasins. Aujourd’hui, la contrefaçon particulièrement dans le secteur des BTP au Bénin, est devenue une forme de criminalité organisée avec ses financiers, ses logisticiens, ses importateurs, grossistes et distributeurs jusqu’au consommateur final. Nul n’est à l’abri de ce fléau qui ronge notre cher pays. Pour comprendre l’ampleur du phénomène, il semble également important de se pencher sur la nature des matériaux et équipements contrefait
Ne tombez pas dans le piège de la contrefaçon Produits Hager
Produits concernés
Les contrefaçons de produits Hager touchent en particulier l’appareillage modulaire comme :
– Les disjoncteurs
– Les interrupteurs différentiels
– Les disjoncteurs différentiels
Elles sont pour la plupart fabriquées en Asie par de nombreuses sociétés et commercialisées à travers le monde par le biais de plusieurs canaux : Importateurs, grossistes, distributeurs spécialisés, magasins
Conséquences
– Incendies
– Explosions
– Blessures
– Décès
II. Outillage à risque
La contrefaçon a pris pour cible, d’une manière ou d’une autre, tous les utilisateurs d’équipements immobiliers. Le phénomène a évolué au cours des dernières années : cherchant autrefois à copier un nombre réduit de matériaux et équipements ciblés de grande valeur, la contrefaçon se tourne désormais vers tous les produits de premier et de second œuvre tels que le fer à béton, les équipements électriques, les carreaux, les sanitaires, les tuyaux,.. Force est de constater que l’offre en la matière est relativement large et complète. Parmi les équipements non conformes dangereux mis sur le marché, on peut citer :
Le matériel de chantier: compresseurs, engins et pièces détachées.
Le matériel de sécurité : chaussures, casques, EPI.
L’outillage individuel : machines électroportatives, disques diamant, postes à souder, porte-électrodes, tronçonneuses, perforateurs.
Les matériaux de construction : chevilles de fixation, disjoncteurs, vitrages, portes coupe-feu, robinetterie, isolants, plaques de plâtre, lavabos et cabines de douche, accessoires sanitaires, thermostats, prises téléphoniques.
Cette liste n’est pas exhaustive. La contrefaçon dans le bâtiment n’est pas une nouveauté. Ce fléau est récurrent. Tous les matériaux d’électricité, de plomberie, de carrelage, de menuiserie, etc. sont copiés ou contrefaits. On distingue principalement deux sortes de contrefaçon :
– La reprise partielle ou intégrale de la technologie et, ou du design d’une grande marque avec une vente sous le couvert d’un nom différent.
– La copie intégrale reprenant le design, le nom et le logo.
Dans les deux cas, le matériel risque de présenter des anomalies et de s’avérer dangereux.
III. Conséquences
Il est vrai que la contrefaçon dans le secteur de l’immobilier fait gagner beaucoup à ceux qui se livrent à ce trafic ; elle coûte des sommes considérables aux entreprises immobilières qui doivent constamment rassurer sur leur crédibilité et la qualité de leurs réalisations. Mais la contrefaçon est loin de coûter aux seules entreprises, elle nuit énormément au consommateur final. Intimement liée à une économie nationale, elle va contribuer à corrompre celle-ci et, s’il s’agit d’un pays en voie de développement comme le Bénin, à retarder la mise en place d’une situation de développement durable, c’est-à-dire respectueux de l’environnement et équitable. Participant à l’économie souterraine d’un pays, la contrefaçon est par nature très difficile à chiffrer. Une certitude demeure, la contrefaçon déstabilise durablement la société. La contrefaçon n’a pas pour unique effet de porter préjudice aux sociétés. Si elle touche de nombreuses entreprises, souvent des PME, elle nuit également au consommateur en portant notamment atteinte à sa sécurité et à sa santé, aux emplois et à la stabilité des Etats. Les conséquences de la contrefaçon sont considérables :
a. Pour l’économie et pour l’Etat
Le chiffre d’affaires de cette contrefaçon est estimé à plusieurs centaines de millions de francs au Bénin. Cette activité illégale a un effet dévastateur sur l’économie du pays. En effet, l’Etat ne perçoit pas d’impôts sur ces produits distribués illégalement et a donc moins d’argent à investir pour les services publics, la construction de routes, les écoles, la santé etc. C’est un manque à gagner fiscal inquiétant.
b. Pour les entreprises
Les entreprises sont les principales victimes des contrefacteurs. Chaque année les bilans des entreprises sont comptabilisés comme « déplorables ». On constate en effet :
– une perte de chiffre d’affaires et de parts de marché
– une perte pour le commerce national due aux achats de contrefaçon à l’étranger
– une perte d’image et de notoriété, la contrefaçon dévalorise les entreprises légales
– une perte de budget : les entreprises dépensent beaucoup pour la publicité, le marketing et la communication qui contribuent à construire leur image
– des dépenses supplémentaires si les entreprises choisissent de lutter contre la contrefaçon.
c. Pour les travailleurs
La contrefaçon a des conséquences sur les travailleurs des entreprises victimes de cette pratique illégale. Tout d’abord les entreprises touchées par la contrefaçon réduisent leur activité, ce qui a des répercutions telles que les licenciements sur ses salariés, moins utiles lors d’une diminution de la production.
d. Pour l’utilisateur
L’utilisateur peut penser avoir fait une “bonne affaire” en achetant un matériau contrefait. Il est vrai qu’il a réussi à acheter un matériau très bon marché d’ordinaire si cher. Or l’origine et la qualité ne sont pas les mêmes que celles d’un produit original risquant de nuire à sa santé et à sa sécurité.
e. Pour la santé et la sécurité des utilisateurs
La contrefaçon représente une menace pour les utilisateurs susceptibles d’acquérir un matériau de mauvaise qualité ou pouvant mettre en danger leur santé. Le risque est que le consommateur ne se rend compte des dangers que trop tard, lors de l’utilisation du matériau ou de l’équipement car il est induit en erreur par l’aspect “normal” de l’objet. Si les matériaux contrefaits sont dangereux pour la santé et la sécurité, c’est que les normes de fabrication ne sont que rarement respectées, ce qui peut provoquer des accidents graves après leur utilisation. Le statut d’organisation illégale des contrefacteurs leur permet de ne pas devoir se soucier des règles qui concernent la fabrication des équipements. Les produits peuvent être fabriqués à base de matériaux médiocres, voire dangereux. La contrefaçon des produits électriques et électroniques, par exemple, occupe aujourd’hui la première place des équipements immobiliers contrefaits. Des composants tels que les fusibles, les câbles et les disjoncteurs jusqu’aux équipements ménagers, aux outils de travail professionnels, rien n’est à l’abri de la contrefaçon. Alors que l’apparence et l’emballage peuvent être très convaincants, les produits eux-mêmes ont souvent des propriétés moindres que celles des produits normalisés et peuvent représenter un sévère danger pour la sécurité, provoquant des accidents et causant des décès. De plus il n’existe aucun service client en mesure d’intervenir en cas de problème avec les équipements vendus, ni aucune garantie après-vente. Ou si la garantie existe, elle n’est pas significative.
IV. Des règles simples pour se protéger
De visu, la différence entre un original et une contrefaçon est à peine perceptible, et le consommateur peut facilement se laisser berner par le prix bien plus avantageux dans le cas des matériaux contrefaits. La contrefaçon totale est la plus difficile à reconnaître. Reprenant dans sa totalité le design et l’aspect du fabriquant d’origine, il est quasiment impossible pour un amateur de détecter la fraude. Plusieurs règles existent pourtant pour se prémunir.
- Toujours faire confiance à un professionnel pour faire ses achats.
- Sécurisez vos achats avec des fournisseurs prêts à afficher : les moyens qu’ils mettent en œuvre pour lutter contre la diffusion de produits non conformes ou contrefaisants, les actions qu’ils mènent en matière de surveillance du marché, la traçabilité de leurs approvisionnements auprès de leurs propres fournisseurs, la conformité technique et d’origine de leurs produits… Et invitez vos cotraitants et sous-traitants à en faire de même!
- Vérifiez que les matériaux livrés sur le chantier correspondent à la commande
- Soyez attentifs à leur conditionnement (marque commerciale et marquages de sécurité notamment)
- Toujours se méfier d’un prix trop bas par rapport au prix du marché. Des conditions trop alléchantes cachent souvent un comportement opportuniste et trouble de la part du vendeur.
- Fuyez les démarchages suspects dont certains matériaux pourraient faire l’objet
Conclusion
En conclusion, l’évolution de la contrefaçon au Bénin paraît pour beaucoup une option pour la réduction de la cherté de la vie. Mais ses conséquences socio-économique et sécuritaire dévastatrices pour notre pays et nos populations dépeignent son aspect obscur. Il est certainement temps que notre gouvernement prenne des mesures drastiques pour endiguer le fléau.
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