Justin Narcisse SOGLO
ARCHITECTE DIPLOME DE L’ECOLE SUPERIEURE DE GENIE CIVIL ET D’ARCHITECTURE DE KIEV (UKRAINE).
EXPERT AGRÉÉ PRES LES COURS D’APPEL ET LES TRIBUNAUX DU BÉNIN CABINET D’ARCHITECTURE TRIUMPHUS.
Elu Consulaire (Président de la Commission Développement des Travaux et Infrastructures CCIB 2014-2019).
Bonjour, pourriez-vous vous présenter s’il vous plaît ?
Je me nomme Narcisse Justin SOGLO, je suis effectivement architecte et ancien secrétaire général de l’ordre des architectes du Bénin.
Depuis combien de temps exercez-vous ce métier ?
J’exerce ce métier depuis plus de 20 ans. Après le Baccalauréat d’enseignement technique dans les métiers du bâtiment, j’ai fait une formation en architecture dans une université soviétique d’où je suis sorti avec le diplôme d’architecte urbaniste. J’ai d’abord travaillé quelques années dans un cabinet avant de créer TRIUMPHUS, mon propre cabinet d’architecte qui est spécialisé en architecture, décoration, design et urbanisme.
Présentez nous quelques problématiques rencontrées dans le quotidien d’un Architecte.
Le problème que je rencontre généralement est que les maîtres d’ouvrage ne comprennent pas
toujours que l’architecte est le chef d’orchestre de la construction et ils ont tendance à vouloir imposer leur point de vue quand bien même cela ne respecte pas toujours les normes en vigueur. C’est principalement dans de tels contextes que je les amène à comprendre qu’en tant qu’architecte, mon rôle est de piloter les différents corps de métiers et d’assurer mon devoir de conseil auprès de lui.
Existe-t-il des décalages entre le projet initial et sa réalisation finale ?
Je reconnais qu’il peut y avoir des écarts entre les plans que nous concevons et leur exécution
sur le terrain. Les raisons principales sont :
a. La gestion des prestataires par le maître d’ouvrage, qui n’est pas une démarche recommandable.
b. Certaines situations imprévues
Mais nous luttons pour réduire au minimum ces écarts qui créent des surcoûts budgétaires, augmentent les délais de livraison et alourdissent les processus. Parce qu’ils ont un coût financier et psychologique important, nous menons des études techniques approfondies pour palier à toute éventualité. Cependant, certaines situations peuvent être difficiles à prévoir et à anticiper. Il faut alors être très réactif et adapté les plans aux nouvelles contraintes. J’ai l’exemple d’un chantier que je réalisais à Kétou, une ville du Bénin. Les études faites avant exécution du projet n’ont révélé aucune anomalie quant à la nature du sol, mais en pleine fouille notre équipe a rencontré des roches qu’il a fallu dynamiter pendant plusieurs jours avant de suivre le cours normal de notre planning. Vous comprendrez ainsi qu’il y a une catégorie de contraintes qui ne peuvent être levée qu’en cours d’exécution mais qui tout de même rallonge les délais et peuvent créer des surcoûts.
Combien y a-t-il d’architectes au Bénin ?
Nous comptons environ 150 architectes pour le Bénin. Il convient de faire remarquer que tous les architectes béninois sont inscrits à l’ordre. Cette information est capitale dans un contexte béninois où certaines personnes prétendent à tort avoir le titre d’Architecte. Il s’agit d’une profession réglementée, l’obtention du diplôme est la condition sine qua non de justifier du titre d’architecte.
N’est ce pas un effectif réduit pour faire face aux enjeux et aux problématiques actuelles liées à la planification urbaine et la densité démographique dans nos villes ?
Pour en venir à l’effectif réduit dans la profession, la principale raison est la difficulté de la formation. Il n’y a pas d’école d’architecture au Bénin. La seule école se trouve au Togo. L’entrée est par voie de concours et chaque pays sont représentés par maximum deux étudiants. Enfin si l’on veut s’inscrire sans passer par voie de concours, les tarifs sont quasiment prohibitifs. Pour faire face à cette situation, le gouvernement a ouvert un cursus de trois ans au sein de l’Ecole des Sciences et Techniques du Bâtiment et de la Route (ESTBR) qui octroie une licence d’Architecture et d’Urbanisme ce qui constitue un début de solution.
Est qu’il faut dire que le métier d’architecte est facile ?
Et bien, je pense qu’aucun métier n’est facile. C’est la passion que nous mettons à exercer une profession qui la rend facile pour nous.
Quels sont selon vous les qualités nécessaires ?
L’intuition, la capacité d’être un grand rêveur, l’esprit de créativité, l’inspiration, la forte passion pour le métier sont autant d’ « actifs » qu’il faut posséder pour être un bon architecte.
On peut comprendre de ce qui précède que le diplôme seul ne suffit pas.
Les jeunes architectes doivent comprendre que pour se démarquer des autres, comme tous les grands architectes d’ailleurs, ils doivent avoir leur empreinte. Comme un peintre avisé, un architecte doit avoir son style.
Parlez nous des perspectives de l’exercice du métier d’architecte au Bénin.
Avant de parler d’architecture, il faut parler d’urbanisme. Dans notre pays, il n’y a aucun schéma directeur, aucun plan d’urbanisation cohérent. Il n y a pas de politique uniforme en matière d’urbanisation du territoire. Il faut, je le pense très sincèrement, un plan stratégique d’urbanisation du territoire qui servira de base de déclinaison aux collectivités territoriales car il n’est pas rare de voir les autorités communautaires gérer l’aménagement sans aucun principe de base. Cette démarche crée une confusion nuisant à la lisibilité de l’environnement urbain. Les architectes évoluent dans un contexte assez précaire, dans lequel chacun se sent obliger de développer des stratégies plus ou moins agressives pour impacter le marché. Cependant je pense qu’il y a de bonnes perspectives pour le métier d’architecte car on a toujours besoin de professionnels pour mener à bien les projets immobiliers qui d’ailleurs ne cessent d’être développés malgré la conjoncture économique difficile dans notre pays. Le véritable problème aujourd’hui réside dans l’application des textes, nécessaire à l’épanouissement de la profession. Les textes nous disent que l’architecte doit intervenir dans tout projet de construction relatif à une surface de plus de 150 m2. Si donc ces textes sont appliqués, le métier d’architecte devient systématiquement plus attractif. Par conséquent, OUI il y a de très bonnes perspectives pour le métier mais la condition demeure une bonne application des textes.
Un mot sur l’initiative du magazine de l’immobilier peut être ?
Pour finir, je souhaite la bienvenue au Magazine de l’Immobilier. Je souhaite qu’il attire l’attention de tout le monde. Plus il paraîtra et sera distribué, plus les attitudes et comportements se modifieront et c’est notre pays qui y gagnera.
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